Avec 15 millions d’hectares, la France possède le troisième massif forestier européen. Recouvrant 30 % du territoire national, la forêt sert des fonctions économiques, environnementales et récréatives. Pourtant, même si la surface forestière ne cesse de croître en volume, tous les voyants ne sont pas au vert : la production forestière souffre du morcellement de la propriété privée. Frein à la modernisation de l’exploitation économique des forêts, quels sont les moyens pour lutter contre ce handicap ?

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Qui possède les forêts françaises ? 

Contrairement aux idées reçues, l’État et les municipalités possèdent un peu moins de 30 % de l’ensemble de la surface forestière. Le reste, soit près de onze millions d’hectares, appartient à 3,5 millions de propriétaires. 60 % d’entre eux, d’ailleurs, possèdent au moins un hectare de bois et n’en tirent aucun revenu.

Des propriétaires attachés à leurs parcelles

Les petites propriétés, comprises entre un et quatre hectares, représentent 15 % de la surface boisée. Les exploitations d’au moins 25 hectares couvrent plus de la moitié de la forêt privée. Ce morcellement des forêts apparait comme un frein à l’exploitation sylvicole. En effet, selon une étude de l’Agreste en 2012 sur la structure de la propriété privée forestière pour le Ministère de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt, la production de bois n’est que la troisième motivation des propriétaires forestiers (38 %) derrière l’attachement affectif (61 %) et la constitution d’un patrimoine (43 %).

La sanctuarisation des forêts frein à la modernisation

Alors que les marchés ont évolué avec la transition énergétique, la gestion forestière, quant à elle, s’est figée dans le temps transformant la forêt en un sanctuaire intouchable. Pourtant, il est urgent d’appliquer des règles d’exploitation adaptées aux réalités économiques et écologiques pour moderniser la filière bois. N’en déplaise aux amoureux de la nature lors des coupes de bois, une forêt vivante est une forêt avec des jeunes arbres qui captent plus de carbone qu’une forêt de vieux arbres : l’économie du bois contribue donc aux autres fonctions attendues de la forêt.

Le remembrement, une solution pour dynamiser la filière bois ? 

À l’instar du secteur agricole dans les années 1950, certains propriétaires forestiers appellent à remembrer avec des incitations fiscales comme la réduction des taxes des actes notariés pour accélérer la modernisation de la filière bois. À minima, le regroupement de propriétaires pour la gestion et l’exploitation de leurs parcelles participe à la valorisation des forêts privées et à l’augmentation des volumes récoltés. Avec près de plus de 425 000 emplois, ce secteur représente près de 6 milliards d’euros par an mais la multitude des entreprises et des parcelles ne le rendent pas assez concurrentiel face à la concurrence mondiale.

Ainsi, malgré la croissance des surfaces boisées, le secteur de la production du bois souffre aujourd’hui du morcellement des forêts : sans modernisation et remembrement, il pourrait s’asphyxier.

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